Depuis 2014, le prix de l’eau en Wallonie n’a pas évolué au même rythme que le coût de la vie, malgré quelques augmentations intermédiaires. Les hausses des prix de l’énergie, conjuguées à la nécessité d’investissements dans l’entretien des réseaux et la fourniture d’une eau de qualité, ont conduit les distributeurs d’eau (SWDE, CILE, inBW, etc.) et la SPGE, en charge de l’assainissement, à introduire des demandes de revalorisation tarifaire fin 2024. Le Ministre Yves Coppieters a décidé d’accéder sous condition et après adaptation à ces demandes, de manière à garantir un équilibre entre les besoins des opérateurs et la protection des consommateurs.
Comprendre la structuration du prix de l’eau
Le prix de l’eau en Wallonie est fixé par le Code de l'eau suivant la notion de "coût-vérité", à savoir l'ensemble des coûts engendrés par les interventions humaines dans le cycle de l'eau. Il se compose de quatre parties :
- Coût-Vérité Distribution (CVD) : il concerne les coûts de protection des captages, de production, de contrôle de la qualité et de distribution de l’eau jusqu'au robinet.
- Coût-Vérité Assainissement (CVA) : il couvre les frais liés à l’assainissement des eaux usées et est commun à l'ensemble des Wallons.
- Fonds social de l’eau (moins de 1% du coût) : destiné à aider les ménages les plus précaires et dont l’utilisation sera renforcée.
- TVA de 6%.
Des demandes d’augmentation encadrées
Le Ministre a validé plusieurs trajectoires tarifaires, notamment celles de la SWDE et de la SPGE, en tenant compte des recommandations du Comité de contrôle de l’eau, du SPW et des analyses tarifaires prévues par la circulaire du 22 juillet 2017. Les augmentations autorisées pour 2025 sont par exemple fixées à 3,15 €/m³ pour la CVD de la SWDE et 2,615 €/m³ pour la CVA de la SPGE (toutes les factures), avec des trajectoires progressives et conditionnées jusqu’en 2029.
Par ailleurs, une série de demandes ont déjà été acceptées localement, à condition que l’augmentation prévue ne dépasse pas le prix fixé par le distributeur majoritaire SWDE en 2024.
Conditions liées à l’augmentation du prix de l’eau
- Lissage des augmentations : la hausse tarifaire est étalée sur plusieurs années pour garantir sa soutenabilité et son alignement avec l’évolution de l’indice des prix à la consommation.
- Par exemple, pour un client SWDE, dont la consommation moyenne est de 70,5 m³ d’eau par an et de 403,50 euros en 2024, la facture annuelle s’établira à 450,29 euros qui se décomposent comme suit :
- CVD : 237,97 euros (2024 : 211,54)
- CVA : 184,49 euros (2024 : 166,85)
- Fonds Social : 2,34 euros (2024 : 2,27 euros)
- TVA : 25,48 euros (2024 : 22,48)
- Les consommateurs s’adresseront à leur distributeur pour connaître l’évolution tarifaire qui les concerne. Ceux-ci communiqueront leurs nouveaux tarifs à leurs clients et les détails seront accessibles via leurs sites respectifs, en majorité répertoriés sur www.aquawal.be.
- Dans l’objectif de maintenir la cohérence du « coût-vérité », ce rattrapage progressif pourrait faire place à terme à un mécanisme d’indexation.
- Par exemple, pour un client SWDE, dont la consommation moyenne est de 70,5 m³ d’eau par an et de 403,50 euros en 2024, la facture annuelle s’établira à 450,29 euros qui se décomposent comme suit :
- Garanties d’investissements : Les opérateurs doivent présenter des plans d’investissements concrets, incluant notamment la modernisation des infrastructures, la protection des captages et l’accélération des actions pour faire face au défi climatique.
- Par exemple, la SPGE s’engage à coordonner pour tout le secteur public de l’eau, du robinet à la restitution à la rivière après épuration, un plan industriel visant à sécuriser les ressources et à réduire l’empreinte environnementale de ces infrastructures.
- Quant aux distributeurs, un investissement prioritaire concerne la modernisation des réseaux de distribution pour réduire les pertes en eau potable, un enjeu crucial dans un contexte de stress hydrique croissant. La mise en place de technologies de détection avancées et le remplacement des canalisations vétustes figurent parmi les projets phares.
- Renforcement de la gouvernance : La création d’un Comité de suivi piloté par le SPW est actée. Ce comité centralisera les recommandations sur les évaluations tarifaires, la transparence des coûts et l’optimisation des ressources. Les distributeurs devront également s’engager dans des réductions des coûts de fonctionnement, y compris par des synergies entre les opérateurs, la rationalisation des jetons de présence et des dividendes.
- Mesures sociales : Un plan d’actions visant à une augmentation des bénéficiaires du Fonds social de l’eau sera proposé fin janvier par le Ministre Coppieters au Gouvernement wallon. Il est actuellement sous-utilisé. Par ailleurs une révision des coûts de recouvrement est demandée.
Le Ministre de l’Environnement Yves Coppieters : « Je remercie l’ensemble des distributeurs et la SPGE pour leur collaboration. J’entends leurs besoins d'investissements mais je souhaite dans le même temps que le secteur continue de se réformer, pour offrir des services optimaux aux Wallonnes et Wallons, à court et long terme. Dans un contexte de plus en plus exigeant pour un accès garanti à une eau irréprochable, il était essentiel pour l'avenir que le prix de l'eau retrouve progressivement un niveau calqué sur le coût de la vie. L’eau est une ressource précieuse et inestimable et il est donc de notre responsabilité collective de la protéger et de maintenir sa qualité. Cette augmentation doit aussi rappeler à chacune et chacun que si l’eau est un bien abondant en Wallonie, notre devoir est également d’en user de manière responsable. »