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Le Gouvernement wallon a pris acte ce jour d’un état des lieux complet des actions entreprises face à la présence de PFAS dans l’environnement et dans les organismes vivants. Cette note récapitulative, déposée par le Ministre de l’Environnement et de la Santé Yves Coppieters, témoigne de la mobilisation transversale de l’ensemble du Gouvernement, depuis son installation, pour protéger la santé publique et préserver les ressources naturelles wallonnes. L’ambition est claire : n’exclure aucune piste d’action.
Une approche sanitaire de proximité : des biomonitorings ont été réalisés dans les communes les plus exposées, avec la participation de milliers de citoyens. Les résultats confirment une surimprégnation préoccupante chez une partie des habitants. Ces données alimentent les recommandations du Conseil Scientifique Indépendant et du KCE, et permettront d’orienter la prise en charge médicale. Les médecins généralistes sont mobilisés pour assurer un suivi individuel, tandis qu’une ligne d’écoute psychosociale, gérée par l’AVIQ, reste disponible.
Dépistage sanguin dans les zones les plus touchées : parallèlement aux biomonitorings collectifs, une campagne de dépistage sanguin ciblé sera proposée dans les communes les plus concernées par une exposition via l’eau de distribution. Ce dispositif permettra aux citoyens n’ayant pas encore été testés de connaître leur niveau d’imprégnation aux PFAS. L’objectif est d’informer, rassurer et orienter vers un accompagnement médical si nécessaire.
Une surveillance environnementale à grande échelle : le monitoring des PFAS s’intensifie et concerne désormais les eaux de distribution, eaux brutes, nappes souterraines, sols, boues de stations d’épuration et eaux de surface, avec des protocoles renforcés. Les zones d’investigation prioritaires (ZIP) ont permis de cibler les efforts, notamment à Chièvres, Feluy-Ecaussinnes, Nimy-Obourg et Nandrin. Des campagnes complémentaires sont menées autour de zones sensibles comme les aéroports.
Le Gouvernement a également validé le suivi spécifique des TFA (acide trifluoroacétique), ce sous-groupe de PFAS encore peu documenté mais omniprésent dans l’environnement. A l’heure actuelle, la probabilité que le TFA soit toxique est considérée comme très faible. Une valeur guide (seuil de vigilance) a été définie à 2,2 µg/l dans l’eau de distribution et un monitoring est en cours pour mieux cerner sa diffusion.
Tendre vers le zéro PFAS dans l’eau distribuée : la Wallonie a fixé une norme stricte de 100 ng/l pour la somme de 20 PFAS, respectée depuis 2023 dans toutes les zones de distribution. Pour aller plus loin, les distributeurs sont invités à tendre vers un objectif de 4 ng/l pour les 4 PFAS les plus préoccupants (PFOS, PFOA, PFNA, PFHxS), d’ici 2028, tandis qu’un seuil de vigilance est fixé à 30 ng/l. Afin de soutenir cet effort, le Gouvernement prévoit un soutien financier aux distributeurs d’eau via le Fonds pour la protection de l’environnement. 50 millions d’euros ont été budgétés dans le cadre du Schéma régional des ressources en eau pour moderniser les infrastructures, sécuriser l’approvisionnement et interconnecter les réseaux.
Protéger les sols et les captages d’eau : le Gouvernement a lancé une étude inédite sur les niveaux de fond en PFAS dans les sols agricoles, forestiers et naturels afin de mieux comprendre l’état de dispersion de ces molécules dans notre environnement.
Aussi, des mesures temporaires ont été prises pour limiter l’épandage de boues issues de stations d’épuration urbaines. Une vigilance particulière est portée sur les zones de captage d’eau potable, afin de prévenir toute pollution diffuse et de sécuriser durablement les ressources. Le Gouvernement limite les doses d’épandage à 6 au lieu de 12 tonnes de matière sèche par hectare sur une période de trois ans et des valeurs cibles pour les PFAS : ont été introduites : 40 µg/kg de matière sèche (MS) est fixée pour six PFAS prioritaires (PFOS, PFOA, PFNA, PFHxS, PFDA, PFHxA) ; 400 µg/kg MS pour la somme de 22 PFAS.
Une approche conjointe avec l’industrie : une convention de collaboration a été signée avec le secteur industriel (via AKT) pour caractériser les rejets et identifier les bonnes pratiques de réduction des PFAS à la source. Cette démarche volontaire pour le secteur industriel repose sur la transparence, la co-construction et l’innovation.
Quelques perspectives pour les mois à venir
Un biomonitoring spécifique des agriculteurs se poursuit, en collaboration avec la Ministre de l’Agriculture. Il permettra d’évaluer leur exposition professionnelle, dans le cadre du Plan wallon de réduction des pesticides, et de mieux cibler les mesures de prévention.
À l’initiative du Ministre Coppieters, des échanges ont été relancés avec la Ministre de l’Agriculture et le Gouvernement fédéral afin de mieux encadrer l’usage de produits phytopharmaceutiques susceptibles de contenir ou de générer des PFAS.
Le rapport du Conseil Scientifique Indépendant (CSI), attendu pour juin, viendra poser un cadre de référence sur les normes environnementales à adopter et les effets sanitaires à surveiller. Ce travail scientifique servira de socle pour affiner les politiques publiques.
Le Gouvernement wallon soutient également les travaux confiés au KCE (Centre fédéral d’expertise des soins de santé), en lien avec Sciensano et le CSS, pour élaborer des recommandations concrètes à destination des professionnels de santé. L’objectif : permettre aux médecins d’accompagner au mieux les personnes surexposées.
Anticiper les normes européennes : la Wallonie adapte son cadre réglementaire aux évolutions attendues de la législation européenne. Elle agit dès aujourd’hui pour se préparer aux futures normes PFAS dans les sols, les eaux de surface et les ressources destinées à l’alimentation humaine.
Yves Coppieters, Ministre de la Santé et de l’Environnement : « Je tiens à remercier l’ensemble du Gouvernement wallon pour son soutien total à cette action globale face aux PFAS. Grâce à cette mobilisation collective, nous avançons : du diagnostic environnemental et médical encore en cours, nous passons désormais à une véritable dynamique de prévention. Cela passe par la protection de nos sols, de nos ressources en eau, et par une vigilance accrue vis-à-vis des substances les plus impactantes. »